La brise matinale portait le parfum des fruits mûrs et des feuilles humides. Pour Afiana, cependant, elle transportait surtout la mélodie d'Aïcha. Depuis qu'il avait répondu à son appel, sa voix résonnait en lui avec une clarté nouvelle, un écho à la fois doux et puissant. Il savait que le chemin serait long et ardu, mais son cœur, pour la première fois, était totalement en paix.
Woum, le forgeron, le trouva en train de polir une gourde. Ses mains, autrefois tordues, étaient maintenant aussi agiles que des lucioles dans l'obscurité. "Alors, gamin, tu t'obstines ?" Sa voix était un mélange de moquerie et d'inquiétude. "Pourquoi ne pas demander à la voix une femme en chair et en os ? Ne pas courir après des mirages ?"
Afiana leva les yeux, un sourire serein sur les lèvres. "Parce que ce que mon cœur désire n'est pas un mirage, Woum. Je ne cherche pas ce qu'elle peut me donner, mais ce qu'elle est. Elle est la mélodie, je suis son écho. Comment pourrais-je me contenter de moins que l'original ?"
Le forgeron secoua la tête, mais il y avait un respect naissant dans son regard. Il ne comprenait pas, mais il voyait la détermination dans les yeux du jeune homme.
Yinda, le chasseur, lui offrit un sac de provisions séchées, des fruits et de la viande qu'Aïcha avait guidé ses flèches à trouver. "Sa sagesse te guidera," murmura-t-il, les yeux fixés sur l'horizon lointain. "Même si elle est invisible, sa présence est réelle. Écoute son chant, et il t'indiquera le chemin."
Tante Zola, ses jambes maintenant aussi solides que le tronc d'un baobab, lui fit un dernier câlin. "Va, mon enfant. Le courage de ton cœur fera fondre le roc et le plus dur des sortilèges. La forêt te protège. N'oublie jamais que la vérité ne se voit pas avec les yeux, mais avec le cœur."
Afiana prit un dernier regard sur le village. Les enfants jouaient, les femmes préparaient le repas. C'était un tableau de paix et de bonheur qu'il devait à la voix. Il hocha la tête, un dernier adieu silencieux, et se tourna vers la canopée.
Le baobab géant, silencieux et imposant, se dressait au cœur de la forêt. Les villageois avaient peur de s'en approcher, racontant des histoires de malédictions et d'esprits maléfiques. Mais pour Afiana, c'était le lieu du rendez-vous, l'endroit où sa quête prenait tout son sens.
Arrivé au pied de l'arbre majestueux, il entendit la voix d'Aïcha pour la première fois non pas dans sa tête, mais dans l'air, douce et mélodieuse. Elle résonnait dans chaque feuille, chaque branche, chaque fibre de l'arbre.
"Afiana Bofia, es-tu prêt à affronter les épreuves ?"
"Oui," répondit-il. Sa voix était ferme, sans une once d'hésitation. "Pour la mélodie, je suis prêt à tout."
Une lumière douce et dorée commença à émaner du tronc du baobab, formant une fissure lumineuse et tourbillonnante qui l'aspirait vers ses profondeurs. Il ferma les yeux, sentant le sol se dérober sous ses pieds. Il ne ressentit pas la peur, mais une anticipation joyeuse. Il s'enfonça dans l'inconnu, guidé par la mélodie, un homme en quête de la femme qui était la musique même.