Koffi regarda l'étui. Koba l'ouvrit. Dedans, il y avait... des billets. Pas des petites coupures. Des grosses coupures. Des liasses bien rangées. Il y en avait... beaucoup. Plus que ce que Koffi gagnait en six mois. Peut-être même en un an, avec les études.
Son cœur rata un battement. Ses yeux s'écarquillèrent derrière ses lunettes. La somme était faramineuse. Suffisante pour payer plusieurs années d'études. Pour aider sa famille. Pour réparer La Gazelle Boiteuse et même s'en offrir une meilleure. Pour sortir de la galère.
Koba le laissa contempler l'argent quelques instants, sans pression apparente. "C'est... pour le dérangement," dit Koba avec un léger sourire. "Et parce que la discrétion et la fiabilité, ça n'a pas de prix dans ce genre d'affaire. Considérez cela comme une... bourse d'études spéciale."
L'argent l'aveuglait. La légère appréhension, le caractère inhabituel de la demande... tout cela s'estompa face à la perspective de sortir de la pauvreté, d'assurer son avenir, d'aider les siens. Une "simulation", un "exercice", un "petit paquet inoffensif"... Koba avait l'air si sûr, si posé. Ce n'était pas un voyou. C'était un homme important. Qui avait l'air sincère dans sa description d'une opération secrète mais légitime.
"Alors... est-ce que je peux compter sur vous, Koffi ? Pour cette contribution essentielle à la sécurité de notre ville ?"
Le poids de l'argent, même juste visuellement, était immense. La promesse d'une vie meilleure, tangible, à portée de main. Pour une heure de travail, apparemment sans danger. Le besoin fit taire les doutes.
Koffi déglutit. Sa gorge était sèche malgré l'eau fraîche. "Oui... Oui, monsieur Koba. Vous pouvez compter sur moi."
Koba eut un vrai sourire cette fois, un sourire satisfait qui n'atteignait pas tout à fait ses yeux. Il referma l'étui et le tendit à Koffi. "Excellent. Je savais que j'avais bien été renseigné sur vous. Vous recevrez les instructions précises très bientôt. Un message discret. Soyez prêt. Et surtout... n'oubliez pas. Secret absolu."
Il se leva. "Je vous remercie, Koffi. Vous avez fait le bon choix, pour vous... et pour Port-Harmonie."
Il lui serra la main fermement, son regard intense une dernière fois, puis s'éloigna, disparaissant dans l'établissement climatisé, laissant Koffi seul sur la terrasse.
Koffi resta assis quelques instants, l'étui lourd dans sa main. Il l'ouvrit à nouveau, jetant un coup d'œil incrédule aux liasses de billets. C'était réel. Tout cet argent. Pour une petite mission secrète pour la sécurité nationale. Il rangea précipitamment l'étui dans la poche intérieure zippée de son blouson en jean. Il sentait son cœur battre la chamade, un mélange d'excitation vertigineuse et d'une très légère anxiété. C'était la chance de sa vie. Le début de quelque chose de grand. Il regarda la ville en contrebas, toujours aussi bruyante, toujours aussi chaotique. Bientôt, pensait-il, ma vie ne sera plus tout à fait la même.
Il remonta sur La Gazelle Boiteuse. Le soleil déclinait déjà. Il lui restait quelques courses à faire, mais ses pensées étaient ailleurs. Sur cet argent. Sur cette mission secrète. Sur le Colonel Koba. Il démarra sa moto, le rugissement familier lui parut différent ce soir. Il ne savait pas que la mélodie chaotique de Port-Harmonie était sur le point de changer de ton pour lui, passant du simple bruit de fond d'une vie difficile à la bande-son effrénée d'une traque mortelle.

